Collectionneurs d’anecdotes sur les chefs les plus désagréables du secteur bancaire, à vos tablettes ! Daniel Beunza, professeur assistant en management à la London School of Economics, a probablement décroché la palme avec cette histoire.
« J’ai travaillé aux Etats-Unis avec un trader dont le boss était odieux et tyrannique au point de lui ôter jusqu’à la volonté d’aller aux toilettes. Lui-même trader de haut vol, il exigeait que chacun sur le desk réponde instantanément à ses exigences. Le trader m’avait avoué se sentir traité comme un chien – incapable de contrôler ses heures de repas, de pauses, y compris pour ses besoins naturels. Il avait fini par s’accommoder de la situation en renonçant à boire le moindre verre d’eau. »
Beunza s’est spécialisé dans « la sociologie de la finance », une discipline dans laquelle il s’est plongé en 2001 en commençant à examiner les relations entre les membres d’une salle de marché new-yorkaise. « Les choses ont évolué culturellement depuis la crise financière, indique-t-il – mais paradoxalement, certains changements, censés améliorer les choses, n’ont fait que les empirer. »
L’un des exemples les plus parlants porte sur la rémunération, selon lui l’un des plus gros problèmes du secteur bancaire. « Plus le système de rémunération est complexe, plus il encourage les manœuvres politiques en excluant toute objectivité quant à l’origine de la performance », précise-t-il.
Voilà pourquoi Daniel Beunza n’est pas fan des systèmes de bonus discrétionnaires qui prennent en compte les résultats des « évaluations à 360° » et la réalisation des objectifs hors business – comme par exemple le respect de l’éthique dans les décisions d’attribution des bonus. De son point de vue, ils fournissent le terreau idéal aux intrigues politiques.
« Il est bien plus sensé de définir clairement les éléments motivant l’attribution d’un bonus. Les systèmes comme ceux appliqués dans les hedge funds – où un trader reçoit 10% de son P&L – fonctionnent très bien. » Il suggère d’appliquer une méthode similaire aux patrons réprimant jusqu’aux besoins naturels de leurs subordonnés : ils seront plus faciles à gérer s’ils sont soumis à des « contrôles normatifs ». « Dans ce cadre, il n’y aurait aucune tolérance possible vis-à-vis d’un individu toxique, à la fois négatif, individualiste et qui tend à harceler ses collègues, voire terroriser ses subordonnés », argumente le sociologue.
Inutile de préciser que ce type d’individus ne devrait dès lors jamais figurer parmi les premiers à bénéficier d’une promotion. « À long terme, il n’y a aucun intérêt à les placer à des postes à responsabilités, aussi bonnes leurs compétences soient-elles », explique le chercheur.
En théorie, tout cela est bien beau, mais que faire si vous êtes déjà sous la coupe d’un chef qui vous traite comme un moins que rien ? En réalité, « il n’y a guère que des moyens informels d’en réchapper. Il faut pouvoir compter sur votre entourage professionnel : un mentor, mais aussi des contacts internes dans d’autres services susceptibles de vous aider à changer d’équipe », relève Beunza. Et d’ajouter : « N’attendez pas que votre boss prenne conscience de ses erreurs. Et ne nourrissez pas non plus de faux espoirs : la probabilité qu’il change est infime », conclut-il, en forme d’avertissement.
LIRE AUSSI :
Au secours, mon management est français !
Arrêtez d’envoyer un CV toxique !
The post Coup de projecteur : comment contrer un boss toxique ? appeared first on eFinancialCareers.