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« Le burnout, c’est comme les subprimes, personne ne le voit vraiment arriver ! »

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Christine*, une ancienne tradeuse reconvertie dans la vente, est employée d’une grande banque française. Un manager « deviant » et un contexte de crise ont fait d’elle une candidate idéale au burnout… Voici son récit. Une histoire de burnout devenue presque « ordinaire » en banque d’investissement.

« Depuis le début de la crise, j’avais pourtant résisté à tout ou presque : des patrons qui partent avec pertes et fracas, un nouveau boss qui débarque avec ses ouailles (moi, clairement, n’en faisant pas partie), des fusions d’équipes et ses batailles d’égo, des transferts d’équipes à l’étranger et – peut-être ce qui le plus anxiogène sur les marchés -  des volumes en berne, des contrôles démultipliés et un sérieux tour de vis sur les moyens mis à notre disposition pour aller chercher du business  (on prie aujourd’hui pour que les clients au resto ne mangent pas pour plus pour 50€, c’est dire !).

C’est une histoire de bonus qui a fait déborder le vase (comme souvent) : on m’a annoncé un montant par téléphone et j’ai reçu in fine moins après un second arbitrage au sein de l’équipe, sans évidemment qu’on ait eu la politesse de m’en informer. J’ai demandé et obtenu une mobilité dans une équipe de vente. Au départ, l’entente était bonne mais très vite j’ai fais les frais (avec d’autres) d’un manager incompétent dont le crédo était de diviser pour mieux régner. Il avait en outre des exigences totalement absurdes : je devais être présente sur des calls tous les jours pendant 1h30 y compris pendant mes congés – des réunions auxquelles je n’avais aucune raison d’assister ; il me faisait annuler des rdv avec des clients à la dernière minute, m’écartait de deals, me prévenait du soir pour le lendemain que je devais partir à Londres…

Tout ceci est d’ailleurs une bonne illustration de deux maux bien français : 1- le présentéisme et la dictature de l’apparence 2 – à défaut de payer, la seule manière de récompenser les collaborateurs est de les nommer manager. En réalité souvent une « cooptation », qui se base non sur les compétences mais la capacité de la personne à ne pas faire de l’ombre à son n+1.

Très vite, en moins de 6 moins, le burnout est arrivé sans crier gare. La perte de poids d’abord (6kg), un sommeil perturbé, puis plus de sommeil du tout, impossibilité de se concentrer, des angoisses, des vomissements… J’ai bien essayé d’alerter les RH au bout de 3 mois seulement à mon poste. Au cours d’un rendez-vous, j’ai demandé à changer d’équipe. Mon interlocuteur s’est enfoncé dans son siège, s’est tu et devant mes arguments – qu’il a été forcé d’entendre – m’a simplement dit que la mobilité pouvait prendre des années et qu’en attendant je devais rester à mon poste. Le médecin du travail que j’ai également consulté a bien vu que j’étais hyper stressée, et à ma connaissance a averti qui de droit, mais cela n’a rien changé. Comme si une sorte d’impunité s’était installée pour les managers déviants.

Un matin sur le chemin du travail, au volant, je me suis mise à sangloter, j’ai fait un stop chez mon médecin. Il m’a arrêté 3 semaines. J’ai refusé – je suis toujours allée au bureau même malade  ! Il m’a dit que cet arrêt ne suffirait probablement pas, et m’a orienté vers un psy. Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères… Résultat : j’étais comme un zombi, mais toujours connectée à mes emails car mon boss n’a jamais cessé de m’envoyer des messages. C’est mon mari, sur la demande du psy, qui a dû retirer la batterie de mon Blackberry pour que tout cela cesse ! Pendant un an, j’ai été reconduite en arrêt maladie. Il fallait ça pour revenir à la surface, reprendre confiance, me reconstruire en somme.

Le retour n’a pas été simple, d’autant que les RH ne m’ont pas contactée une seule fois pendant mon arrêt maladie, ne serait-ce que pour prendre en compte mon évaluation et donc l’avancement pour l’année écoulée que j’avais effectuée dans sa quasi totalité. Les regards, les silences gênés, les questions maladroites… Le burnout est une chose totalement taboue en banque. J’ai ressenti clairement une forme de stigmatisation (je n’ai d’ailleurs reçu aucun variable pendant 2 ans). Placée dans mon ancienne équipe de trading (mais à côté de mon dernier manager), je me suis retrouvée sans grand-chose à faire… Bref il a fallu que je me débrouille seule pour me trouver un poste en réactivant mon réseau. Pas simple quand vous passez la quarantaine, que vous êtes compétente mais étiquetée « empêcheuse » de tourner en rond pour dire les choses poliment ».

*Le prénom a été changé.

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