La pression était montée d’un cran depuis le début du mois. La presse américaine avait fait entendre que les régulateurs voulaient voir tomber des têtes, et le nom de Georges Chodron de Courcel avait été largement cité.
Dans un communiqué ce matin, la banque a indiqué ce matin que Georges Chodron de Courcel, 64 ans, Directeur Général Délégué de BNP Paribas prendra sa retraite le 30 septembre prochain et quittera ses fonctions dès le 30 juin, saluant « l’un des acteurs clés de la croissance de BNP Paribas et de ses métiers, notamment à l’international ».
Ce départ en retraite va certainement accélérer le dénouement d’un accord entre la justice américaine et le groupe de la rue D’Antin. La banque précise cependant que cette décision ne date pas d’il y a 15 jours mais était prévue depuis longtemps, rappelant également qu’il n’y a « pas de mise en cause personnelle » de Georges Chodron de Courcel par la justice américaine.
Ce vétéran de BNP, centralien, est entré dans la banque en 1972 et a occupé des fonctions clé et convoitées dans tout groupe bancaire : responsable des études financières au sein de la direction financière (en 1978), Président de Banexi (en 1989), puis Directeur général délégué de BNP de 1996 à 1999. Après la fusion avec Paribas en août 1999, Georges Chodron de Courcel est responsable de la BFI du groupe de 1999 à 2003, date à laquelle il endosse les fonctions de Directeur général délégué de BNP Paribas.
À 64 ans, il jette donc l’éponge, alors que bien d’autres têtes au sein du groupe sont déjà tombées en toute discrétion. Georges Chodron de Courcel, cousin de Bernadette Chirac née Chodron de Courcel, ne sera pas toutefois un « retraité » comme les autres.
Les grands groupes français, y compris bancaires, sont connus pour offrir une « retraite chapeau » à leurs cadres dirigeants. Ainsi, Michel Pébereau l’ex-patron de BNP touche depuis sa retraite en 2011 une retraite complémentaire annuelle de son ancien employeur de 800.000 euros. Ce « régime différentiel », expliqué par l’article 39 de la convention BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises, permet aux cadres dirigeants de la banque de se voir verser un « complément de revenu [qui] s’effectue sous forme de rente viagère ».
Dans le Bilan Social de BNP Paribas, il apparaît que Georges Chodron de Courcel touchera une retraite annuelle 334.360 euros, tandis que celle de M. Baudoin Prot a été fixé à 522.432 euros.
La banque n’a pas souhaité commenter les conditions financières associées à ce départ en retraite. Parallèlement, dans ce même document, il est également indiqué que le Directeur général délégué a perçu une rémunération globale d’1,6 million d’euros au titre de 2013. Sa rémunération annuelle fixe avait été portée en mars 2013 de 600.000 à 700.000 euros, prenant ainsi en compte « la qualité et la prudence avec lesquelles sont gérés les métiers dont il a la charge ainsi que sa contribution à l’orientation stratégique du Groupe », précise le document.
Et puis, Georges Chodron de Courcel ne sera pas un retraité comme les autres pour une autre raison : il est administrateur de nombreuses sociétés, notamment cotés. Voici les mandats qu’il exerçait au 31 décembre 2013 : Alstom, Bouygues, Société Foncière, Financière et de Participations SA, Nexans, Erbé SA (Belgique), Groupe Bruxelles Lambert – GBL (Belgique), SCOR Holding (Switzerland) AG (Suisse), SCOR Global Life Rückversicherung Schweiz AG (Suisse), SCOR Switzerland AG (Suisse), Verner Investissements SAS. Il était par ailleurs membre du Conseil de surveillance de Lagardère SCA et censeur chez Exane, Safran, et SCOR SA.
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