En France, un quart des employés de l’industrie financière est en recherche active d’un nouvel emploi et 65% se disent « ouvert(e) à toute opportunité », soit une écrasante majorité (91%) candidats (plus ou moins actifs) au départ, selon une enquête eFinancialCareers* sur la mobilité des professionnels du secteur. Partir pour aller où ? Qu’est-ce qui fait rêver les financiers français ? Leur choix est-il très différent de leurs confrères employés sur les autres places financières mondiales ?
Dans l’Hexagone, BNP Paribas est sans conteste l’employeur où s’imaginent le mieux travailler les professionnels de la finance. Les ennuis judiciaires du groupe bancaire aux Etats-Unis ne semblent pas avoir entamé sa popularité, puisque 17% des financiers français se verraient bien y travailler, qu’ils soient ou non en recherche d’emploi.
En 2e position, Total, le groupe pétrolier français, fait rêver 9% des participants à cette enquête ! Ce résultat peut paraître surprenant, cependant Total arrive souvent dans le trio de tête des classements des employeurs les plus attractifs chez les cadres tous secteurs confondus. En outre, les financiers voient potentiellement dans ce grand groupe français très présent à l’international : 1 – de nombreuses opportunités de carrière (au sein de ses services financiers, des équipes de trading ou de M&A internes) ; 2 – des avantages assimilables à ceux qu’ils peuvent trouver dans le secteur financier ; 3 – un secteur (l’énergie) qui constitue l’un des atouts forts de la France et en pleine transformation avec des perspectives de développement.
Arrive en 3e position Goldman Sachs (7%) devant JP Morgan et Société Générale (5% chacun) et Credit Agricole CIB (4%). Les deux banques d’affaires américaines précitées font l’unanimité chez les professionnels du secteur financier partout dans le monde et trustent les deux premières places du palmarès mondial tiré de l’étude eFinancialCareers (voir au bas de l’article). Leur attractivité s’explique par le fait qu’elles se disputent traditionnellement la tête des leagues tables en banque d’investissement, qu’elles continuent de payer des bonus principalement en cash (y compris jusqu’à 1 million de dollars) et apparaissent parmi les rares banques à ne s’être véritablement retirée d’aucune activité.
De son côté, BNP Paribas parvient à se hisser la 5e place du classement mondial devant Citi, Morgan Stanley ou encore Bank of America. Un petit exploit pour l’établissement français, pourtant réputé mal payer ses collaborateurs en front-office à l’instar de ses consœurs hexagonales. Sa popularité peut s’expliquer par les plans de développement et de recrutements annoncés depuis un an en Asie-Pacifique (1.300 recrutements en cours), en Allemagne et aux Etats-Unis, une relative constance de ses résultats, et des plans de réduction d’effectifs très « softs » (environ 2.000 suppressions dans sa BFI au cours de ces dernières années) en comparaison avec d’autres grands groupes bancaires européens comme Barclays (7.000 suppressions de postes, annoncées le mois dernier, et prévues sur 2 ans), UBS (10.000 coupes annoncés fin 2012) ou encore HSBC (au milieu d’un programme de réduction de 14.000 emplois).
Quoique ces trois derniers acteurs bancaires se retrouvent dans le top 10 des employeurs préférés des financiers dans le monde ! Andrew Pullman, ancien directeur des ressources humaines à la Dresdner Bank, qui dirige aujourd’hui le cabinet de conseil People Risk Solutions à Londres, a une explication. « La mise en place de plans de licenciements au compte-gouttes crée de l’incertitude, impacte négativement la motivation et la productivité des employés et engendre inévitablement le départ de personnes que, pour le coup, vous auriez aimé garder, estime-t-il. Les groupes qui réalisent en revanche des coupes franches rapidement s’en sortent souvent bien mieux au bout du compte car les employés quelque part savent à quoi s’en tenir ».
Si les acteurs bancaires dominent le classement des employeurs préférés des financiers dans le monde (8 acteurs bancaires dans le Top10) et en France (7/10), la plus grande firme de gestion d’actifs au monde, BlackRock séduit énormément à l’international (3e position derrière les leaders bancaires américains). Les financiers français ne sont pas non plus indifférents aux charmes du leader de l’asset management, avec ses 4.400 milliards de dollars d’actifs sous gestion et un effectif en hausse depuis 2 ans, puisqu’ils le placent en 8e position parmi leurs employeurs favoris.
En revanche, alors que le classement mondial fait une belle place au cabinet McKinsey (7e position), les français placent le leader du conseil en stratégie qu’à la 13e place. À l’inverse, ils apprécient davantage EY (seulement 20e dans le classement Monde), l’un des Big Four, traditionnellement chouchous des jeunes et qui prévoient de recruter 4.000 collaborateurs à eux quatre cette année en France.« Ces dernières années les cabinets d’audit ont déployé de nombreux moyens pour attirer et fidéliser leurs collaborateurs : efforts sur l’environnement et l’ambiance de travail, responsabilisation rapide, cursus formations, projection, etc. », rappelle Amaury de Vorges, Associé au sein du cabinet de recrutement Fed Finance à Paris. Et de l’énergie, les employeurs ont intérêt d’en dépenser pour améliorer leur marque employeur car 40% des sondés n’ont pas de choix arrêté sur le nom de leur employeur idéal.
TOP 20 Monde des employeurs préférés
*L’Enquête eFinancialCareers Mobilité 2014 a été menée en mai dernier auprès de 1169 professionnels des services financiers travaillant en France. Une enquête similaire a par ailleurs été menée auprès de plus de 9.000 professionnels dans le monde (Allemagne, Moyen-Orient, Royaume-Uni, Etats-Unis, Singapour, Hong Kong, Australie et Chine).
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