Après un redémarrage fin 2013 timide mais prometteur, le marché de l’emploi parisien en banque de financement et d’investissement confirme son rétablissement. « Il y a des flux sous-jacents et une capacité nouvelle d’appuyer sur les boutons pour déclencher les recrutements », témoigne Denis Marcadet, président-fondateur du cabinet Vendôme & Associés. Et pour cause, les revenus des activités de banque d’investissement en France ont bondi de 67% sur les 6 premiers mois de 2014 par rapport à la même période l’an passé, selon Dealogic. De par la nature des postes et la configuration de la place parisienne, les volumes de recrutements n’explosent pas. Néanmoins, les établissements financiers expriment des besoins réels de compétences. Quels professionnels obtiennent leurs faveurs ?
Les profils avec 5 à 7 ans d’expérience, le “trou” dans la pyramide des âges
Jérôme Hacquard, associé gérant du cabinet de chasse Singer & Hamilton, situe les besoins au-delà de la problématique métier. « Deux types de profils attirent les convoitises de tous les employeurs en banque d’investissement, quel que soit le métier : 1- les « rain makers », c’est-à-dire les profils très seniors avec un nom, des clients et donc une forte capacité d’origination. 2 – les professionnels avec 5-7 ans d’expérience, autonomes dans l’exécution et donc contributeurs au niveau du P&L sans être pour autant encore très coûteux pour leur employeur », explique ce chasseur parisien, qui évoque un « un vrai déficit » sur cette dernière population. Au point que la situation actuelle pourrait, selon lui, bientôt être comparée à la guerre des talents de 2005-2006, conséquence directe du gel des recrutements après l’éclatement de la bulle internet en 2000. Dix ans plus tard, la crise des subprimes et le coup d’arrêt des embauches qui a suivi est en train de produire les mêmes effets. À cela près que les établissements français ont transféré dans l’intervalle un certain nombre de leurs équipes à Londres en particulier et recrutent désormais surtout à l’étranger, sans parler du recours croissant aux mobilités internes. Il n’empêche, les acteurs parisiens en banque d’investissement ne sont pas les derniers à vouloir renforcer leurs équipes front office aujourd’hui face au volume d’activités en hausse, tandis que le retour des structures étrangères à Paris participent de la vitalité retrouvée du marché de l’emploi.
Les “associates” en M&A pour accompagner la reprise des opérations
Les professionnels des M&A sont probablement ceux qui profitent le plus de la reprise des embauches. Le net rebond des opérations y est évidemment pour beaucoup. Au premier semestre, les offres de fusion-acquisition ciblant les sociétés hexagonales se sont élevées à 132,8 milliards de dollars, selon Thomson Reuters. Ce qui en fait le meilleur début d’année depuis 2006, avec des volumes d’opérations multipliés par 7 sur un an. « Nombreuses sont les structures qui recherchent à renforcer leurs équipes avec des banquiers M&A du niveau de senior analyst à associate / VP, assure Domitille Lamouroux, associée du cabinet Alchimie Conseil. Ce qui n’est pas toujours simple car le vivier de candidats est assez limité, du fait notamment qu’un certain nombre d’entre eux quittent traditionnellement la banque à ce stade pour faire autre chose ». Denis Marcadet reconnaît que les associates ayant fait leur classe pendant 2 à 3 ans focalisent beaucoup d’attention en ce moment, « surtout s’ils font preuve d’humilité et savent modéliser ». « Ils intéressent aussi bien les boutiques établies que les BFI, ou les fonds de private equity », explique-t-il.
Le réveil des financements structurés
Les autres métiers qui voient leurs lignes bouger en faveur des candidats sont les financements structurés, où les banques françaises ont retrouvé l’an dernier de bons niveaux d’activités à l’instar de Natixis qui a réalisé une production nouvelle de 17,5 milliards d’euros en un an, un record. « Les banques françaises comme étrangères ont besoin de récupérer des encours de financement et de muscler à nouveau leurs équipes en particulier dans le financement d’actifs avec des profils dotés de 3/4 ans d’expérience minimum », témoigne Domitille Lamouroux, qui a travaillé sur plusieurs mandats depuis le début de l’année. Pas d’euphorie toutefois, l’appétit de recrutements est moins fort ici qu’en M&A. Denis Marcadet concède un très léger regain dans les recrutements, mais plutôt du côté des fonds (dette, infrastructure). « C’est vrai qu’à nouveau il y a des sujets dans les financements structurés en 2014 mais ça reste encore timide, tempère Jérôme Hacquard. Ces métiers figurent parmi ceux dont les équipes ont été le plus sacrifiées pendant la crise, à l’exception des financements de projets où les embauches n’ont pas complètement cessé ». La reprise reste globalement limitée à certaines problématiques très spécifiques comme le high yield, selon ce chasseur. Et de préciser que cette expertise est également très recherchée aujourd’hui du côté « debt capital market », où l’on apprécie les originateurs avec une casquette high yield, capables de travailler aussi avec les équipes de financement LBO.
Le métier du coverage en mouvement
Enfin, côté coverage, « des établissements français réfléchissent aujourd’hui à de nouvelles organisations tandis que des établissements étrangers sont en train de se positionner pour créer des postes à Paris », rapporte Domitille Lamouroux. Les professionnels les plus courtisés sont des professionnels issus de l’origination obligataire ou equity (DCM, ECM), techniques, assortis d’une maturité comportementale et commerciale, indique Denis Marcadet. LIRE AUSSI :
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