Votre carrière en banque d’investissement durera t-elle toute votre vie ou bien concernera-elle seulement une courte période entre vos 25-30 ans ? Quels sont les signes avant-coureurs qui montrent que vous allez décrocher, sinon dans l’immédiat, au cours des cinq prochaines années ?
Certes, travailler dans la banque n’a jamais été une sinécure mais à présent que l’industrie doit tenir compte de l’environnement décrit dans le rapport de Morgan Stanley sur l’avenir de la banque, il n’y a plus de place pour l’improvisation. Si vous êtes d’accord avec l’une des affirmations ci-dessous, alors vous pouvez vous réorienter pendant qu’il en est encore temps…
1. Vous ne savez pas coder / vous faites un job qui pourrait être fait par un algorithme
Si vous voulez faire carrière dans le secteur bancaire, alors vous devrez maîtriser la technologie. C’est là que réside l’avenir. Prenez Barclays : son PDG Anthony Jenkins a déclaré que la banque était en plein milieu d’une révolution technologique : Barclays automatise dans la banque d’investissement autant de process qu’elle le peut. Des firmes comme HSBC et UBS développent leur propre technologie financière afin de tirer profit du marché en plein essor des startups fintech.
2. Vous n’arrivez pas à concilier les relations externes avec la politique interne de la banque
Les banques sont devenues plus politiques. Dans le passé, l’envol des revenus a permis à beaucoup de monde de faire carrière. A présent que les revenus augmentent plus lentement – quand ils augmentent – le succès dépend plus souvent de la stratégie politique. “Lorsque la croissance n’est plus au rendez-vous comme c’est le cas depuis ces sept dernières années, vos seules performances ne vous permettront pas de progresser. Vous devrez vous adapter au système et faire votre nid à travers la bureaucratie“, explique sous couvert d’anonymat un chasseur de têtes spécialisé dans la banque d’investissement.
Et si les aspects relationnels sont toujours aussi importants dans les divisions de banque d’investissement (IBD), ils ont eux aussi évolué. Si vous êtes un banquier senior, votre employeur attendra de vous que non seulement vous conseilliez les clients mais aussi que vous lui vendiez un financement. “Tout tourne autour du cross-selling, rien que le cross-selling”, martèle un chasseur de têtes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles des banquiers conseils seniors préfèrent partir pour créer leurs propres boutiques.
3. Vous êtes impatient de réussir
Comme nous l’avions souligné dans un précédent article, les postes de vice-président et de directeur sont devenus les pires endroits pour évoluer dans une banque. Maintenant que les promotions se sont plus rares,, les banquiers de niveau intermédiaire restent coincés dans ces positions pendant des années. Il hautement probable que votre carrière bancaire stagnera – voire se terminera – quand vous aurez aux alentours de 35 ans.
“C’est difficile : seulement 3 ou 4 personnes sur des promotions de 40 ou 50 directeurs sont promus “, indique notre chasseur de têtes. “C’est pire encore pour les gens de niveau intermédiaire comme les analystes et les associés qui se sont investis à fond dans leur job dans l’espoir de gagner beaucoup d’argent et qui sont à présent coincés”, observe pour sa part un analyste action senior.
4. Vous n’êtes pas impliqué à 100% dans votre carrière bancaire
“Les étudiants enMBA qui trouvent aujourd’hui un emploi dans les banques sont réellement ‘impliqués’“, explique Richard Bland, responsable des relations employeurs à la London Business School. “Ils savent qu’ils veulent travailler dans le secteur bancaire, savent ce que tout cela implique et sont prêts à travailler aussi dur que nécessaire”, ajoute-il. Beaucoup ont également déjà une expérience en banque.
5. Vous n’êtes pas prêt à un changement culturel
Comme l’a révélé le volumineux Rapport RH de Deutsche Bank, les débats autour de la banque tournent surtout autour du… changement de culture. Colin Fan, co-responsable de la banque d’investissement du géant allemand, a ainsi dissuadé son personnel de tomber dans la vantardise et la vulgarité sous peine de conséquences graves pour leur carrière.
Ce qui est confirmé par le rapport RH qui indique que Deutsche Bank ‘vit une nouvelle culture’ sur la base d’un ‘changement culturel’ avec des cadres sup qui doivent devenir des ‘porteurs de culture’ qui propageront de ‘nouvelles valeurs culturelles‘ à travers l’entreprise. Dans ce contexte, il y a moins de place pour les superstars.
6. Vous êtes un franc-tireur
Si jadis les banques toléraient les banquiers superstars à condition que ces derniers génèrent de gros revenus, ce n’est plus le cas aujourd’hui. “Ceux qui réussissent maintenant sont même plutôt un peu fades“, explique le chasseur de têtes. Ils gardent la tête baissée, ne veulent pas faire de vagues. En deux mots, ils font de la politique (voir point 2).
7. Votre job pourrait être fait dans un centre low cost par un salarié low cost
Deutsche Bank délocalise des emplois vers des centres à faible coût, tout comme Goldman Sachs. Dans cette nouvelle vague de délocalisation-relocalisation, ce n’est pas seulement la technologie qui se retrouve éloignée des grands centres financiers. Pour preuve, Deutsche Bank vient de créer un trading floor de 270 personnes à Birmingham en Grande-Bretagne, d’où ils pourront s’occuper de clients à faible potentiel qui ne nécessitent pas beaucoup de suivi. Si vous êtes un sales trader habitué à travailler avec les hedge funds, vous serez tranquilles. Si au contraire vous travaillez avec une clientèle de petites entreprises désireuses d’accéder directement aux marchés, vous le serez un peu moins…
8. Votre job consomme beaucoup de capitaux propres
Les emplois bancaires qui nécessitent beaucoup de capitaux sont en voie d’extinction du fait que chaque établissement bancaire a réduit le montant de capitaux alloués à sa banque d’investissement. Si vous travaillez dans une zone de la banque très consommatrice en capital, vous aurez la même épée de Damoclès sur votre tête que les traders petites entreprises mentionnés ci-dessus.
9. Vous vous sentez (encore) prioritaire par rapport aux autres
Générer des revenus importants, voire même de gros bénéfices, et devenir un banquier star ne sera plus synonyme d’un salaire astronomique dans le secteur bancaire. Comme les banques dépensent de plus en plus sur la réglementation et les contrôles, les banquiers en front office doivent admettre que l’infrastructure des banques est devenue essentielle pour garantir leur succès. Un sentiment de priorité par rapport à votre contribution individuelles au P&L ne va plus de soi. Vous devez l’accepter à présent.
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