La place financière genevoise est en émoi. Pour la première fois en 200 ans d’histoire, les deux grandes banques privées suisses Pictet et Lombard Odier ont publié leurs résultats financiers cette semaine (pour le premier semestre 2014). Un évènement qui ne manquera pas d’intéresser public, employés et professionnels du secteur.
Outre le timing, la comparaison paraît d’autant plus opportune que les deux établissements présentent des business models similaires s’appuyant sur la gestion de fortune et d’actifs ainsi que des solutions administratives et informatiques pour les clients (particuliers, asset managers…). Qui de Pictet ou de Lombard Odier sortira vainqueur de cette battle ?
Rentabilité (par tête)
En matière de résultat opérationnel Pictet prend l’avantage. Le bénéfice avant impôts de l’établissement fondé en 1805 à Genève, et aujourd’hui mené par huit associés à la fois propriétaires et gérants, atteint au premier semestre 2014 près de 247 millions CHF (205m €). Un chiffre plus de deux fois et demi plus élevé que celui atteint chez Lombard Odier, qui affiche un résultat opérationnel de 91,7 millions CHF (76m €). Cependant Pictet emploie 3.611 employés, alors que seulement 2.000 personnes travaillent pour Lombard Odier. Même en gommant l’effet de taille, Pictet reste devant avec un bénéfice avant impôt par tête de 68.400 CHF contre 45.800 CHF pour Lombard Odier.
Actifs sous gestion
Le total des actifs sous gestion ou en dépôt chez Pictet atteint 404 milliards CHF tandis que Lombard Odier veille sur 367 milliards CHF, dont 156 mds sont sous gestion. Rapporté par tête, cela donne 183 millions CHF pour Lombard Odier et 112 millions pour Pictet.
Ratio Coût / Revenu
Chez Pictet, les 975 millions CHF de revenus sont rognés par 704 millions CFH de coûts totaux (principalement charges du personnel). Soit au final un ratio coût / revenu de 72%. Lombard Odier, de son côté, affiche 527 millions CFH de revenus et présente une ligne de coûts à 429 millions CFH. Ce qui entraîne un ratio coût / revenu à 82%. Pictet gagne ici une manche importante.
Rémunérations
Au tour de Lombard Odier de reprendre la main. Pictet affiche une rémunération brute moyenne par tête de 144k CFH contre plus de 167k CFH pour Lombard Odier, ce qui en fait l’employeur le plus attrayant de ce point de vue. Ces chiffres sont en réalité moins élevés car ils ont été obtenus par un calcul sur les dépenses de personnel (seuls chiffres disponibles) qui incluent d’autres frais comme les avantages mais aussi et surtout les charges sociales et patronales. Reste que les employés de Lombard Odier restent probablement mieux payés que leurs confrères chez Pictet.
Solvabilité
Plus les capitaux propres sont élevés, plus sûre est la banque (et ses emplois) en cas de turbulences. En temps de crise financière, ce n’est pas un argument négligeable. Sur ce point, les deux institutions n’ont de leçon à recevoir de personne. Pictet présente un ratio Tier 1 de fonds propres (selon Bâle III) de 21,7%. Et Lombard Odier fait encore mieux avec 23,8% ! Une question demeure : que restera-t-il de ce douillet matelas une fois les litiges fiscaux avec les Etats-Unis réglés ?
Verdict : 3 points pour Lombard Odier / 2 points pour Pictet.
Si Pictet affiche la meilleure rentabilité par tête et une plus grande discipline en matière de coûts, son rival Lombard Odier se montre plus généreux avec ses employés – un argument de poids pour attirer et retenir les talents. Les salariés de Pictet s’estiment visiblement aussi très bien traités car le taux de rotation du personnel n’est que de 4%. Son concurrent ne dévoile pas cette information.
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