Qu’on le réalise ou pas, nous commettons tous de vrais impairs lors de nos entretiens d’embauche. Il y a quelques années, j’étais au beau milieu d’un second entretien dans un grand groupe de média, et mon interlocuteur ma posé cette question des plus classiques – que l’on m’avait d’ailleurs déjà posée dans le passé : « Quels sites Web lisez-vous sur votre temps libre ? »
J’aurais pu choisir parmi toutes sortes de réponses, à la fois sincères et appropriées. À la place de quoi j’ai choisi spontanément le nom d’un titre de la presse masculine. Rien de très compromettant, mais bien un site designé pour des jeunes hommes dans leur vingtaine. Le rédacteur en chef n’avait jamais entendu parler de ce site, il se tourna vers son ordinateur pour voir de quoi il s’agissait. C’est à ce moment précis que j’ai compris que j’avais fait une erreur…
La clé pour éviter que vos joues ne virent au rouge tomate en entretien, c’est la préparation, se fatiguent à répéter les recruteurs et autres coachs carrière. Et aussi, apprendre des erreurs des autres. Voici une liste des maladresses et autres gaffes que vous devriez ainsi pouvoir esquiver dans le futur.
Avez-vous fait pire ? N’hésitez pas à partager votre expérience en postant un commentaire au bas de l’article.
1 – Vous êtes en mode « moulin à paroles » :
« Ne pas trop parler et ne pas vous sur-vendre, conseille Anne Crowley, directeur général de Jay Gaines and Company. Lorsque l’on vous pose une question, ne partez pas dans un monologue de 10 minutes. La seule chose que voudra l’intervieweur de vous à ce stade, c’est vous faire sortir de son bureau aussi vite que possible ».
Richard Lipstein, directeur général de Gilbert Tweed Associates, a vécu ce moment pénible. Il interviewait pour un emploi à Wall Street un candidat qui a déroulé un speech long de 20 minutes. Le consultant en recrutement a fini par mettre un doigt devant sa bouche, et dire poliment “chut…”. « J’ai alors dit au candidat : ‘ J’aimerais placer un mot maintenant’ ».
2 – Vous vous tirez une balle dans le pied en répondant à la question : « Et vos faiblesses » ? :
Il n’y a pas plus bateau comme question d’entretien que celle-ci : « Quelle est votre plus grande faiblesse? ». Et pourtant les candidats parfois ne manquent pas d’échouer lamentablement à cette question, quelle que soit la stratégie choisie.
« La plus grande erreur consiste à répondre à côté en jouant sur le mode ‘Je suis trop parfait’ ou ‘Je travaille trop dur’ », s’amuse Peter Laughter, PDG de Wall Street Services. Au lieu de cela, mieux vaut donner un exemple sincère d’un aspect sur lequel vous avez été effectivement mis en difficulté au travail, mais face auquel vous avez travaillé dur pour améliorer le tir. « Je sais que les gens ne sont pas parfaits, je m’intéresse à la façon dont ils identifient leurs faiblesses, et comment ils travaillent pour les corriger », ajoute-t-il.
D’autre part, il convient bien évidemment de choisir une faiblesse qui n’est pas de nature à affecter votre capacité à performer dans votre travail. Un demandeur d’emploi reçu en entretien pour un poste de middle-office par Robert Half a par exemple répondu à cette question routinière en indiquant qu’il « perdait facilement son sang-froid avec son management et qu’il était connu pour challenger ses responsables ».
3 – Vous êtes habillé comme un plouc :
Chaque recruteur se souvient d’au moins une histoire. Moi-même, lorsque j’étais chasseur de têtes au début de ma carrière, une candidate s’est pointée avec un pull des Red Sox de Boston à un entretien. Elle a étonnamment obtenu le poste. Si ce rendez-vous ne s’était pas déroulé dans le Massachusetts, cela aurait été probablement une autre histoire.
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L’art de manipuler les recruteurs pour obtenir une offre d’emploi
Un candidat reçu par un consultant de Robert Half est venu en chaussons à une interview, un autre portait un maillot de football pour un poste dans un hedge fund au moment de la Coupe du Monde de football… Vous êtes probablement assez malin pour éviter ce genre d’impair. En cas de doute, jouez-là ultra-formel – même s’il s’agit d’un rendez-vous informel ou une rencontre dit de « networking ». Et au bureau, habillez-vous pour le job que vous voulez, pas celui que vous avez déjà.
4 – Vous avez mal géré votre temps de transport :
Encore une fois, ça semble évident, mais ce n’est pas toujours si simple d’être ponctuel. « Sachez où vous allez, rappelle Anne Crowley. Beaucoup de candidats formidables ont grillé leurs chances après s’être retrouvé coincé dans un embouteillage ou avoir été victimes de transports en commun défaillants ». Courir comme un dératé pour arriver à l’heure à un entretien peut se révéler d’ailleurs aussi dommageable pour la réussite de la rencontre que d’arriver véritablement en retard.
À l’opposé, n’arrivez pas trop en avance, prévient Peter Laughter. Se pointer 30 minutes à une heure plus tôt que le rendez-vous prévu peut effectivement être perçu comme aussi grossier qu’arriver en retard. Cela risque de perturber l’agenda du recruteur, mais aussi et surtout montrer que vous n’êtes pas capable de suivre des instructions. Le bon timing ? Dix minutes en avance.
5 – Erreur dans la commande :
Si l’entretien est organisé en mode petit-déjeuner ou déjeuner, commandez quelque chose de simple, de facile à manger – de préférence un plat que l’on puisse manger avec un couteau et une fourchette. Un jour une candidate qui avait commandé des œufs pour un petit-déjeuner a fini les dents entièrement jaunes, se rappelle Richard Lipstein. Forcément l’intervieweur n’a pas manqué de le remarquer.
Enfin, éviter de boire de l’alcool, sauf éventuellement après que votre interlocuteur ait commande un verre pour lui.
6 – Chercher à rivaliser avec votre interlocuteur :
L’une des compétences à travailler en entretien est de jauger la/les personne(s) en face de vous. Si ces derniers agissent comme s’ils étaient les « maîtres de l’Univers », n’essayez pas de vous mesurer à eux, conseille Roy Cohen, un coach en carrière spécialisé en finance et auteur du “The Wall Street Professionals’ Survival Guide.”
L’un des clients de Roy Cohen, invité à rencontrer le fondateur d’un hedge fund réputé, est entré dans son bureau avec une tasse de café pour lui et pour son hôte. « Il a été jugé par le hedge fund manager avec une totale incrédulité, et un amusement certain… D’ailleurs, n’avait-il pas déjà quelqu’un pour lui amener le café ?, relève Roy Cohen. En fait, le geste apparaissait comme incroyablement naïf et une tentative délibérée pour tenter de marquer des points ». Le candidat n’a jamais réussi après cet épisode à joindre le manager au téléphone.
7 – Tailler un costard à votre actuel boss :
« Ne soyez pas négatif au sujet de votre entreprise, de votre patron, de votre ex, etc. », prévient Anne Crowley.
Même si votre situation professionnelle actuelle est intolérable – et que vous n’en êtes en aucun cas responsable – bavez sur votre employeur ou votre patron ne vous vous rapportera aucun point. L’intervieweur risque de voir en vous une personne négative et plaintive. Sans compter que vos propos peuvent revenir à l’oreille de votre patron… Chaque secteur d’activité en finance constitue un monde plus petit que vous ne sauriez l’imaginer. Enfin, l’intervieweur ne sera pas enclin à vous faire engager, de peur que vous médisiez dans son dos, une fois recruté.
8 – Vous n’avez pas posé les bonnes questions
C’est une règle d’or, et pourtant pas toujours respectée : il est « interdit » d’aller sur le terrain des salaires, des avantages sociaux, et autres structures de bonus au cours de la première entrevue, rappelle Peter Laughter.
De manière générale, les questions que vous posez au cours des entretiens sont aussi importantes que celles auxquelles vous répondez – parfois plus. Aussi, « préparez attentivement toujours quelques questions en amont de chaque entretien », conseille Anne Crowley. Et cela se travaille, en cherchant des infos sur la société et la personne que vous allez rencontrer.
Posez des questions sur les opérations récentes réalisées par la banque ou sur les dossiers dans lesquels elle a été récemment impliquée ou encore sur des tendances globales relatives à votre secteur, pour montrer que vous comprenez les enjeux de votre marché et de la société. Si vous manquez d’inspiration, alors posez des questions à vos interlocuteurs qui les touchent plus directement. « Les banquiers adorent s’entendre parler », assure Adam Zoia, PDG de Glocap, un cabinet de chasse new-yorkais.
9 – Vous manifestez un intérêt pour autre chose que le poste en question
Lorsque vous êtes en interview, vous êtes là pour un seul but : offrir vos compétences pour un poste en particulier. Plusieurs recruteurs nous ont signalé avoir disqualifié des candidats sur le simple motif qu’ils avaient montré un intérêt pour un autre département que celui concerné voire même une autre carrière.
« Si vous êtes en entretien pour un poste sur le sell-side, ne dites pas que vous êtes intéressé aussi par des postes en buy-side ! », insiste Richard Lipstein.
10 – Vous échouez à déceler les failles dans la personnalité de votre futur patron
Si le processus des différents entretiens fait émerger des pratiques irrespectueuses de votre potentiel futur boss, il y a peu de raisons que cela ne se reproduise pas ensuite, une fois le poste accepté, prévient Roy Cohen.
L’un des clients de ce coach a été forcé, en vacances, d’accepter un entretien téléphonique à un horaire qui impliquait une discussion dans un aéroport avec les enfants autour. « C’est un manque de respect de la part de cette manager à l’égard du candidat », estime Roy Cohen Le candidat a, malgré cela, accepté l’offre d’emploi qui lui a été faite ensuite. « Seulement, la manager l’a traité de la même manière une fois qu’il a intégré l’équipe », poursuit-il.