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Ces banquiers qui ont décidé d’en finir avec la langue de bois

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On connaissait la volonté des politiques de s’affranchir – avec plus ou moins de succès et de talent – du politiquement correct à l’image de Jean-François Copé auteur du livre Promis, j’arrête la langue de bois. Des professionnels de la finance semblent leur avoir emboîté le pas à en juger la teneur de certaines de leurs interventions publiques ou publications. Petit florilège des déclarations de banquiers qui n’ont pas leur langue dans leur poche, à leurs risques et périls !

« Il faut appeler un chat un chat », a répété trois fois George Castel, directeur des études de l’ESLSCA lors d’une conférence intitulée “Vérités et Contrevérités sur les Traders Voyous : y aurait il une French Touch ?” au Salon du trading 2013 organisé à Paris en septembre dernier. Pour cet ancien trader sur les matières premières, Jérôme Kerviel (Société Générale), Bruno Iksil (JPMorgan) et Fabrice Toure (Goldman Sachs) n’ont aucune excuse. « Cela suffit de leur trouver des circonstances atténuantes : ils n’avaient pas à faire ce qu’ils ont fait ! ». Au passage, leur hiérarchie n’est pas ménagée : « Comment le management de Jérôme Kerviel a t-il pu fermer les yeux sur le fait qu’il ne prenne jamais un jour de vacances ?», s’indigne George Castel. La vidéo parle d’elle-même…

Pas facile néanmoins pour ceux qui font leurs premières armes en salles de marché de dénoncer les dysfonctionnements, qui peuvent parfois conduire à des drames comme la mort tragique de cet étudiant en stage M&A au sein de Merrill Lynch à Londres. Certains stagiaires ont donc choisi de protester… sous anonymat, comme ceux réunis dans le collectif Ethique et Finance qui, lors de sa création en 2012, scandait haut et fort : « Nous sommes tous condamnés à être des Kerviel en puissance ». Depuis, le collectif n’a plus fait parler de lui…

Mieux vaut avoir de la bouteille…

On le constate, ceux qui ont quitté le monde de la banque sont sans surprise plus enclins à dénoncer les agissements des banques que ceux encore en poste. Et pour cause : cela ne plaît pas à tout le monde, à commencer par la hiérarchie. « Un très haut responsable de BNP Paribas est venu m’expliquer que j’avais tort de stigmatiser les banques et que je ferais mieux de me taire », explique Gaël Giraud, ancien trader devenu économiste et auteur du livre L’Illusion financière. Des menaces parfois mises à exécution. A l’image du banquier français Pierre Condamin-Gerbier qui a dénoncé les méthodes d’opacité fiscale de la banque Reyl et Cie et mis en cause une douzaine de personnalités politiques françaises. Après avoir été incarcéré en Suisse pour violation du secret professionnel, il a été libéré fin septembre et fait aujourd’hui l’objet d’une surveillance rapprochée. L’exemple type du lanceur d’alerte (whistleblower) qui se retrouve piégé, mis à l’index.

Dans ce contexte tendu, certains préfèrent avoir recours à la fiction tel que Jérôme Cazes, l’ancien DG de Coface, auteur de 555 jeudi rouge – Ravages de la spéculation bancaire ou bien même parfois écrire sous pseudonyme. D’autres tiennent absolument à signer leurs propos de leur plume. Dans ce cas, « mieux vaut avoir un peu de bouteille et être capable de rebondir ailleurs », fait remarquer Hugues Le Bret, qui vient de publier No Bank, un livre où il revient notamment sur sa démission de la présidence de Bousorama (filiale de la Société Générale) suite à la publication, en 2010, de son livre “La Semaine où Jérôme Kerviel a failli faire sauter le système financier mondial“. Lors de l’envoi de son manuscrit, la direction de la banque lui a intimé de choisir entre son job et son livre. Il a tranché et ne le regrette pas. « J’ai reçu des lettres de remerciements de 300 collaborateurs de la SocGen et même des responsables des risques d’autres banques », nous confie-t-il.

La banque, pas le meilleur endroit pour s’exprimer librement

« J’observe un véritable clivage entre d’un côté les grands groupes bancaires et de l’autre des structures type associations, cabinets d’avocats et de conseil où la parole est plus libre », poursuit Hugues Le Bret. Il va de soi que la crise et son cortège de plans sociaux n’ont pas arrangé les choses. En outre, les patrons des grandes banques – souvent des énarques passés par des ministères – sont assez représentatifs de la collusion avec le politique et donc de la domination du politiquement correct et de la discrétion. A cela vient s’ajouter une peur bleue de l’impact des nouvelles technologies (réseaux sociaux, vidéos sur internet…) sur l’image de leur banque, ce qui n’aide pas à libérer la parole.

Faire partie d’une association permet souvent de s’exprimer plus librement et de délivrer un message qui porte plus loin. Car c’est bien connu, l’union fait la force. Le Français Thierry Philipponnat, vingt ans de carrière en banque (BNP Paribas, UBS, Euronext…) et actuellement Secrétaire Général de l’association Finance Watch en sait quelque chose. Son association organise actuellement un campagne intitulée “Changeons la Finance”. « Cinq ans après la chute de Lehman Brothers, le système financier n’a pas été transformé : les banques et marchés de dérivés sont plus gros que jamais, les manipulations font les gros titres et l’investissement productif semble l’exception plutôt que la règle », explique t-il. Avant d’ajouter : « Le risque systémique que les banques européennes font peser sur la société est plus important qu’il ne l’était en septembre 2008 ». Voilà les banques habillées pour l’hiver…

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