Les premières rumeurs du retour des embauches dans l’industrie financière outre-Manche remontent à l’été dernier. Si la reprise du marché de l’emploi semble s’être ensuite confirmée – commençant à contaminer progressivement Paris au passage – un grand nombre de financiers avaient néanmoins encore besoin de se pincer pour y croire.
Aussi, les dernières nouvelles de la Confédération de l’industrie britannique (CBI) ce matin apportent une validation supplémentaire aux professionnels sceptiques, observant davantage une pause des plans de suppressions de postes que le retour réel de l’embauche.
Ce sont 15.000 nouveaux emplois au sein de l’industrie britannique des services financiers qui devraient être créés au Royaume-Uni au cours des trois prochains mois (contre 10.000 au T4 2013), selon l’enquête trimestrielle de CBI / PwC.
L’optimisme semble cette fois gagner les sociétés de courtage, qui pour 67% d’entre elles affirment avoir recruté au cours des derniers mois de 2013. En outre, 50% de ces entreprises prévoient d’embaucher au cours du premier trimestre 2014. Il s’agit de la hausse la plus significative observée depuis mi-2010. L’emploi à la City n’a pas pour autant rattrapé ses niveaux de 2008, 52.000 emplois manquent encore à l’appel.
Ce qu’il faut retenir de vraiment positif dans cette nouvelle enquête est peut-être ailleurs. Pour la première depuis de long mois, les intentions d’embauches sont motivées par la demande de services plutôt par la pression réglementaire, principal moteur des recrutements ces dernières années.
Le secteur bancaire britannique dans son ensemble devrait connaître des taux de croissance proche des beaux jours de 2005, suggère l’enquête, avec un total de 55% des entreprises prévoyant de recruter au cours de ce trimestre.
La menace des restructurations plane toutefois toujours sur les activités de banque d’investissement, si l’on en croît les analystes, qui continuent à penser que certains établissements feraient mieux de tirer une croix sur certaines activités pour se concentrer sur leurs points forts. Un difficile choix déjà acté par UBS, qui a réduit certains segments de ses activités de taux, et Credit Suisse, qui prévoit un retrait du trading sur les produits de taux, mais aussi par des banques françaises comme CACIB, qui a cessé ses activités de dérivés actions et matières premières.
A l’inverse, les acteurs de la gestion d’actifs restent parmi les plus optimistes quant à leurs perspectives grâce à des performances confirmées, comme l’ont montré la semaine passée les résultats de Morgan Stanley, JPMorgan et Goldman Sachs.
« Les gérants se sont retrouvés à dominer les marchés à la fin 2013, et sont restés plus optimistes que ce que nous avions pu remarquer dans le passé. La hausse des marchés actions, la hausse des commissions, et une rentabilité accrue sont autant de facteurs qui contribuent à la croyance que volumes comme revenus vont continuer à croître au cours du prochain trimestre », a déclaré Paula Smith, en charge de la division consacrée à la gestion d’actifs chez PwC à Londres.
In fine, tous types d’acteurs confondus, 39% des acteurs de l’industrie des services financiers interrogés dans cette enquête assurent avoir augmenté leurs effectifs au cours des trois derniers mois de 2013, ce qui en fait le meilleur trimestre depuis le 1er trimestre 2007. Si seulement la place financière parisienne – passée en mode combatif la semaine passée – pouvait en dire autant…