Pour ses (bientôt) 150 printemps, Société Générale affiche une belle mine : 2,2 milliards d’euros de bénéfices engrangés en 2013, soit près de trois fois mieux qu’en 2012. Après plusieurs années de traversée du désert, voilà des résultats qui devraient assurer une base solide au nouveau plan stratégique à trois ans dévoilé le 13 mai prochain.
Les employés du groupe ne devraient pas sabrer le champagne pour autant. Le groupe a insisté sur sa volonté de faire un geste en faveur des actionnaires en portant le taux de distribution de dividende cible à 40% cette année contre 27% en 2013.
Du côté des rémunérations des salariés, les signaux sont en revanche moins bons. Une fois encore, les syndicats n’ont obtenu cette année aucune augmentation pérenne sur l’ensemble du groupe mais seulement une prime allant de 200 à 450 euros. En outre, « l’enveloppe des bonus sera en légère baisse cette année par rapport à l’année passée de façon à protéger la profitabilité de la banque et tenir compte de l’amende de la Commission européenne [dans l'affaire Euribor] », a déclaré ce matin Frédéric Oudéa, PDG de la banque, dans une interview accordée à Reuters. Et ce malgré un net rebond de la contribution des activités de grande clientèle avec un résultat net part du groupe à 1,33 milliard d’euros (+75% en un an !).
Situations contrastées au sein de la BFI
L’amende de 446 millions d’euros pour manipulation du taux interbancaire Euribor (la plus forte amende après Deutsche Bank) a grevé largement les comptes des activités de marchés, dont le résultat brut d’exploitation est négatif au 4e trimestre 2013 (-30 millions d’euros) contre un résultat de 358 millions d’euros un an plus tôt. Et, ce n’est pas tout : les activités FICC (taux, changes, matières premières) ont largement sous-performé avec des revenus en baisse de 39% sur un an sur la même période alors que les 5 plus grosses banques américaines ont en moyenne subi un repli de 4,2%, selon les données de Bloomberg. Est-ce la raison qui pousse Société Générale à vouloir embaucher 150 personnes sur ces activités ? En attendant, les équipes en place seront en toute logique les plus affectées par la baisse des bonus annoncée.
Car ailleurs, leurs collègues pourraient bien être tout sourire à l’annonce de leur bonus, notamment ceux qui travaillent sur les marchés actions dont les revenus ont progressé de 93% entre 4T-2012 et 4T-2013, et de 33% sur l’ensemble de l’année.
Pour les collaborateurs de la division Financement et Conseil, les projections en la matière sont plus incertaines. Les revenus en progression ont été gringottés par des éléments comptables et non-récurrents (perte sur litige fiscal notamment), qui pèsent au total à hauteur de 620 millions sur les résultats. Toutefois, signes positifs pour 2014 pour ces derniers collaborateurs, la banque évoque la « poursuite du renforcement de [ses] positions », et surtout une « augmentation du capital alloué aux métiers ».
Grâce à des coûts maitrisés et des transformations qui commencent à porter leurs fruits, les résultats nets sont en hausse partout ailleurs à l’exception de la banque de détail en France qui accuse une baisse de 10% sur un an. Selon Reuters, qui cite des sources syndicales, la banque chercherait à fermer 5% des 2.200 agences en France (soit 110 agences) et supprimer 190 postes, sans départ contraint.
Le réseau en France, un cas à part au sein du groupe (mais pas désespéré !)
Dans ses résultats, la banque a surtout insisté pour son réseau sur l’importance de l’innovation numérique, de « maintenir [son] leadership en banque d’affaires pour les PME/ETI », et « d’investir dans [sa] plateforme de transaction banking ».
Le nouveau visage de la banque privée dévoilée la semaine passée devrait également aider les réseaux en France. Avec 240 banquiers privés dédiés dans 80 villes et 100 experts en investissement, allocation d’actifs, planning patrimonial, et ingénierie financière, Société Générale anticipe d’ici à 2015 une hausse de son résultat d’exploitation de 25% partagé pour 2/3 entre la Banque de détail en France et 1/3 pour la Banque Privée.
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