Les analystes et les médias ont salué les résultats de Credit Agricole ce matin pour le dernier trimestre et l’année 2013. Et il y avait de quoi, le groupe a renoué avec les bénéfices, soit 1,3 Mds €. Et ce contre une perte historique de 6,5 Mds € en 2012. Le groupe est néanmoins loin de ses performances passées, ne serait-ce qu’en comparaison avec l’excellent cru de 2010, où son bénéfice avait atteint 3,6 Mds €.
Ce constat n’est évidemment pas étranger à sa stratégie de recentrage et de forte réduction de son bilan via notamment des cessions (Cheuvreux, CLSA, Newedge…) et des réductions d’activités, qui se sont largement réalisées au détriment des collaborateurs de CIB. Tendance qui contraste d’ailleurs avec les récentes annonces de développement à l’international chez Société Générale et BNP Paribas sur les activités de marchés, en particulier les métiers du fixed income, mais aussi en ce qui concerne SocGen les métiers du cash equities en Asie. Il n’est pas cependant exclu que CA CIB reparte bientôt à l’offensive, notamment aux Etats-Unis où elle semble vouloir à nouveau muscler ses équipes. La présentation de son plan le 20 mars prochain devrait le voile sur ses intentions à moyen terme.
Réductions des coûts et retrait définitif de certaines activités (commodities, dérivés actions)
En attendant, 2013 a surtout été marqué par la sortie achevée des activités commodities (hors métaux précieux) ainsi que celle des dérivés actions avec l’arrêt des activités sur les produits dérivés vanille. Pas étonnant dans ces circonstances de constater le déclin de la contribution de BFI : le résultat net part du groupe (RNPG) des activités pérennes (retraité des effets comptables) et a été divisé quasiment par deux en trois ans pour atteindre 818 millions d’euros au titre de 2013. Ce chiffre, en outre, est en baisse de 31% par rapport à 2012.
Bref, au-delà de la réduction volontaire du périmètre d’activités, les activités pérennes de la BFI (hors couvertures de prêts et impacts du plan d’adaptation) n’ont pas brillé en 2013. Les collaborateurs de CIB n’en sont pas moins méritants pour autant puisque la baisse des revenus se limite à 6% à 3,7 Mds€ dans un environnement difficile.
Sous la pression des réductions de coûts et des réorganisations, les employés de CACIB résistent donc. Rappelons qu’en 2012, plusieurs programmes de réduction de coûts avaient abouti à la suppression d’environ 2.300 postes chez Credit Agricole dont 1.030 confirmés à fin 2012 au sein de CACIB (avec environ 500 coupes en France). L’an passé, les effectifs ont continué de baisser de 5% sur l’ensemble du périmètre du groupe, sous l’effet notamment du programme MUST de réduction des coûts lancé en 2012 dans les domaines de l’informatique, des achats et de l’immobilier à l’échelle du groupe. Credit Agricole se trouve ainsi à peu près à mi-chemin de l’objectif de 650 millions d’économies réalisées d’ici à 2016.
Dans ce contexte, comment maintenir les équipes motivées et limiter la fuite des bons éléments ? La période des bonus pourrait s’avérer être un test délicat pour la banque. D’autant que les collaborateurs n’ont pas oublié les sacrifices passés : le bonus moyen avait baissé l’an dernier de 7% chez CACIB quand chez BNP et SocGen il avait respectivement bondi de 22% et 45%…