Le démarrage de l’année 2014 pour les banques d’affaires en France a été incroyablement bon. Dealogic a diffusé hier de nouvelles données susceptibles de vous aider à cibler les potentiels nouveaux gros recruteurs du secteur : les boutiques.
Au niveau mondial, les boutiques ont conseillé 38% du volume des deals annoncés depuis le début de l’année, contre 31% pour la même période l’an passé, selon Dealogic. L’implication croissante des boutiques dans les plus gros deals est impressionnante : les opérations dans lesquelles elles ont été impliquées en 2014 représentent près de 239 mds de dollars, un chiffre en hausse de 45% en un an. Cependant en termes de revenus, elles restent en queue du peloton des grandes banques, et ne récoltent que 9% environ de la manne totale.
Il est possible que la part de marché des boutiques soit ici sous-évaluée du fait qu’elle est uniquement constituée par les 25 boutiques qui ont généré le plus de revenus d’opérations M&A entre 2011 et 2013. De plus, ces « boutique banks », qui ont typiquement moins de 1.000 employés, doivent réaliser 90% de leur chiffre d’affaires en M&A pour apparaître dans la sélection de Dealogic. Avec une telle méthodologie, de nombreux acteurs disparaissent automatiquement des écrans radar de l’étude à l’instar d’Allen & Co, l’une des banques conseil de Facebook qui pour l’acquisition de WhatsApp annoncée le mois dernier pour 19 milliards de dollars percevra 40 millions de dollars de commissions.
En France, la part de marché de ces 25 top boutiques M&A s’est brusquement réduite en début d’année, à hauteur de 1,5% de la valeur du total des opérations impliquant des acteurs français, contre près de 28% atteint l’an dernier. Pour autant, les boutiques jouent sur le marché français un grand important.
Certes peu de boutiques ont les reins solides pour titiller les grandes banques sur le segment des large caps. Néanmoins quelques-unes parviennent aujourd’hui à jouer dans la cour des grands (et n’apparaissent pas pour autant dans le Top 25 pour les raisons méthodologiques évoquées plus haut) : Zaoui & Co, créée en janvier 2013 – à Londres – par les deux banquiers français Michael et Yoël Zaoui ; l’américain Moelis dopé par l’opération géante Omnicon-Publicis, et présent en France depuis 2012 ; et Messier Maris & Associés, maison de l’ancien patron de Vivendi active depuis 6 ans à Paris.
Cette dernière « n’a eu de cesse de se développer ces dernières années. Aujourd’hui le deal flow est bon et autorise la poursuite des embauches par opportunisme ou pour contrer l’érosion naturelle des profils », juge Jérôme Hacquard, associé gérant du cabinet de chasse Singer & Hamilton.
Ce consultant rappelle surtout que les boutiques en France dominent le small/mid market et présentent l’avantage pour les candidats de ne pas adopter un gel des embauches aussi strict que dans les grandes banques. D’ailleurs « sur ce segment très hétéroclite, les deux dernières années ont été relativement animées en matière d’embauches. Aujourd’hui, le marché est arrivé à saturation car il y a de plus en plus acteurs et parallèlement un deal flow qui stagne voire s’affaiblit, les commissions sont tirées ainsi vers le bas, et le taux de ‘casse’ (dossiers non finalisés) reste important… Aussi certains acteurs vont disparaître. Les autres tireront leur épingle du jeu et continueront leur développement, notamment en se diversifiant (levée de fonds, missions de conseil auprès des dirigeants…) », anticipe Jérôme Hacquard.
Parmi ces dernières, on peut probablement compter sur Aforge Finance, sous la nouvelle impulsion et les ambitions du groupe Degroof ; DC Advisory, qui après une année 2013 fructueuse en deals a nommé début 2014 à sa tête le duo de choc Eric Hamou & David Benin ; ou encore Leonardo & Co menée depuis un an en France par Patrick Maurel et Laurence Danon, et que l’on retrouve d’ailleurs en bonne place dans le top 25 de Dealogic.
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